Aujourd’hui j’étais dans une bibliothèque, celle de Sarre-Union en Alsace Bossue. J’ai peint en public une fresque d’après un texte imaginé par des jeunes à partir d’un travail d’image réalisé par d’autres jeunes avec différents handicaps. Un voyage dans les légendes et le folklore auquel chacun apporte sa contribution.
Pendant cet après-midi la bibliothèque, à l’occasion des Nuits De La Lecture, était comme une ruche où tout le monde se croise, plusieurs générations, plusieurs nationalités, plusieurs couches sociales, un échantillon de notre société dans un petit cocon rempli de livres.
Pendant qu’on peint les pensées divaguent, parfois l’oreille écoute, on, enfin moi, dans mon silence concentré, je suis beaucoup plus réceptive au monde.
je me disais que dans un monde où le tumulte quotidien nous pousse à courir sans cesse après le temps, il est plus que jamais vital de défendre les lieux de culture. Ces espaces, qui abritent le souffle de l’humanité, sont bien plus que de simples bâtiments ou institutions : ils sont les gardiens de nos rêves, les sanctuaires de notre mémoire, et les foyers de notre créativité collective
Les musées, théâtres, bibliothèques, cinémas, salles de concert, ateliers d’artistes ou centres culturels sont des lieux essentiels, des espaces de vie commune en vrai. Des endroits ouvrant des fenêtres vers des mondes inconnus. Ils nous invitent à questionner, à ressentir, à nous émerveiller.
Mais aujourd’hui, ces lieux sont menacés. Par le désintérêt progressif d’un public saturé d’écrans et d’immédiateté. Par des coupes budgétaires qui les étranglent peu à peu. Par une vision du monde, qui néglige leur rôle irremplaçable. Si nous perdons ces lieux, c’est une part de notre âme que nous abandonnons.
Les lieux de culture ne sont pas un luxe. Ils ne sont pas un privilège réservé à une élite ou un passe-temps pour des heures creuses. Ils sont une nécessité. Ils sont des refuges pour l’esprit et des terrains fertiles pour l’éclosion de nouvelles idées. Ils sont des espaces où les voix se croisent, où les différences s’apprivoisent, où l’histoire dialogue avec l’avenir.
Des gens y lisent de la poésie, on y échange sur des souvenirs, on évoque des origines différentes, on se lie par la parole. Chacun avait préparé un plat. J’ai mangé Ukrainien, j’ai mangé Turc, j’ai mangé Péruvien et je n’ai pas gouté à tout.
Sans ces lieux et celles et ceux qui les font vivre nous risquons de devenir des sociétés amputées de notre humanité, des peuples sans racines, sans échanges, sans visions. Chaque exposition, chaque pièce de théâtre, chaque livre partagé ou tableau admiré est une pierre posée à l’édifice de notre patrimoine commun, de ce qui nous lie et nous élève.
Parlons de culture, débattons-en, transmettons cet amour aux générations futures. Car là où la culture s’éteint, c’est la lumière de l’espoir qui vacille. Je l’ai toujours pensé. La culture c’est ce qu’on efface en premier pour prendre le dessus.
Gardons les vivants, respectons celles et ceux qui leur apportent leur énergie, leur inventivité, leur inclusivité.
Cet après-midi a été un moment de calme et d’une certaine manière, d’espoir dans le monde obscure qui tel le néant avale notre humanité.
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Quand j'ai lu tes mots, j'ai eu l'impression de m'entendre penser. C'est peut être parce que je suis bibliothécaire, va savoir, et que nous partageons les difficultés évoquées déjà dans les commentaires. C'était très inspirant et rassurant, en fait, de s'entendre penser à l'unisson. Plus prosaïquement, j'aurai voulu accéder à ta boutique mais sans succès : ca me ferai du bien de mettre un peu de tes couleurs dans mon nouvel intérieur (miss Fukushima s'ennuie, à force des années) , vivement son retour ! Prenez soin de vous.
Merci pour ce super texte. Je travaille en bibliothèque et, les moyens pour faire des choses s'amenuisent d'années en années. Nous sommes plus que 2 dans une équipe où nous devrions être le double. Nous sommes énormément impactées par les coupes budgétaires... et pourtant de nombreux lecteurs nous parlent de l'importance qu'à la médiathèque et les choses que nous mettons en place, les partages et échanges qu'ils y vivent.