Je parle ici de rythme, celui du corps, de l’atelier, des jours pleins et des creux nécessaires.
Spoiler : je travaille trop. Mais je l’assume (presque).
🌞 Trouver son rythme de création
Entre canicule, sorties nocturnes et chaos intérieur
Il y a des périodes où tout ralentit — dehors, dedans, et parfois pas du tout.
Parce que même en été, on peut se retrouver à bosser plus qu’on ne respire.
Cette lettre est un petit pas de côté.
Une invitation à réinterroger le fameux “rythme de création”. Pas pour donner une méthode, mais pour partager ce qui, chez moi, fluctue, brûle, se calme, repart.
🎨 Une question qu’on me pose souvent :
“Tu travailles tous les jours ? Tu as un rituel ? Un rythme ?”
Alors oui, je travaille. Beaucoup. Trop parfois.
Par nécessité, par engagement, par amour aussi. Mon travail, je le vis comme un organe : il fonctionne même quand je dors. Il m’habite. Il me structure. Et parfois, il m’épuise.
J’ai mis du temps à comprendre que créer n’est pas la même chose que produire.
L’une nourrit. L’autre épuise, si on n’y veille pas.
Je n’ai pas un rythme “régulier” au sens classique.
J’ai des temps pleins, des marées hautes.
Des semaines où je suis happée, habitée.
Et d’autres où je me demande si je suis encore artiste ou juste une sorte de machine logistique à mails et encadrements.
Mais même là, dans cette intensité excessive, il y a des gestes qui me ramènent à mon moi créateur.
Je touche une matière. Je regarde une image. Je suspends.
Je tente de revenir à ce que j’appelle “la présence” : celle qui ne cherche pas à réussir, mais à être juste.
🌿 L’été me parle différemment
Il me freine, doucement, presque tendrement.
Il me rappelle que je ne suis pas une machine.
Qu’on peut transpirer sans produire.
Qu’un silence peut être fertile.
Créer, pour moi, c’est d’abord écouter. Mon corps. Mon souffle. Mon agacement aussi.
Et quand je m’écoute, je vois bien que mon rythme est tout sauf linéaire.
Il est cyclique, organique, parfois incohérent, parfois d’une précision brutale.
Et surtout : il me demande d’y faire de la place, même quand je suis débordée.
Je ne crois pas à la discipline aveugle.
Je crois à la fidélité : rester fidèle à ce qui m’appelle, même si ça ne rentre pas dans un agenda.
Parfois je peins comme on prie. Parfois je peine.
Parfois je ne fais rien pendant trois jours sauf penser en boucle à une forme que je n’arrive pas à nommer. En général je range des choses dans ces moments là.
Les deux comptent.
Les deux sont du travail.
Et parfois, le plus dur, c’est d’accepter de ne rien faire. Je nage. J’oublie tout.
Si je devais répondre à la question :
“Quel est ton rythme de création ?”
Je dirais :
Il est hybride.
Entre dévotion et décrochage.
Entre boulimie et vide fertile.
Et il me travaille autant que je travaille.
✧ Petit exercice pour les créateur·ices débordé·es ou en pause forcée
👉 Pendant trois jours, en fin de journée, pose-toi cette question toute simple :
“Qu’est-ce qui a voulu se créer aujourd’hui, malgré tout ?”
Peu importe si tu as passé la journée à trier des visuels, à bosser, ou à survivre à une canicule.
Note ce qui a tenté de venir : une idée, une colère, une intuition floue, un geste pas fait.
Note-le sans le juger. C’est ton fil d’Ariane.
Et si tu n’as pas le temps d’écrire :
pense-le très fort en coupant une pastèque. (Ça marche aussi.)
Si ce texte t’a parlé, tu peux me répondre.
Tu peux aussi partager ton propre rythme, ta non-productivité, ou la façon dont tu fais quand tu n’en peux plus — j’écoute toujours. Je suis une grande curieuse.
À bientôt,
Mina