Bonjour à Toutes et tous,
Aprés un été particuliérement occupé, et une rentrée qui l’a été tout autant, je prends plaisir à ralentir mon rythme et préparer mes futures expos, éditions et autres projets personnels.
Le mois de septembre a été marqué par deux événements: la mise en place de l’exposition l’Oeil Chamane à la Chapelle Sainte-Blandine à Metz et au Temple Neuf de la ville. J’en parlerai dans la prochaine infolettre. J’en profite pour vous dire que l’exposition est ouverte aujourd’hui, dimanche, 5 septembre et je serai présente.
Le deuxiéme événement a eu lieu à la Galerie Lemétais à Toulouse. J’ai été invitée à peindre en public, à installer mon atelier dans un lieu différent.
Peindre en public : un autre dialogue
On me demande souvent si je ne suis pas gênée de peindre en public. Evidemment, non. Au contraire c’est une expérience qui transforme le rapport à la création.
Quand je peins seule, l’atelier devient un refuge, un terrier, un cocon. Le temps s’étire, le silence s’installe, et je peux me perdre dans les gestes, les erreurs, les recommencements. Je suis dans mon propre silence. Dans une communication réduite. C’est essentiellement un tête-à-tête avec la toile, une conversation intime où je me laisse traverser par ce qui veut apparaître.
Mais peindre en public, c’est tout autre chose. Ce n’est plus une retraite, c’est une ouverture. Le regard des autres entre dans le processus — pas comme une intrusion, mais comme une présence. Il y a une énergie différente à être regardé. Le souffle, les pas, les murmures, la curiosité des passants, quand je peins en extérieur ou des spectateurs de passage lors d’événements : tout cela devient une partie du tableau. Il y a un échange d’énergie, de paroles aussi.
Je n’ai pas l’impression de « performer ». Ce n’est pas un spectacle, ni un exercice de virtuosité. C’est une rencontre.
Le public devient témoin du processus créatif, de l’évolution d’une œuvre qui n’existe pas encore tout à fait. Les gens voient ce qu’on ne montre habituellement jamais : les hésitations, les gestes ratés, les repentirs. Si on renverse sa peinture, ma spécialité, les personnes autour sursautent, si je suis concentrée sur une ligne, certains se rapproche comme par instinct pour suivre le pinceau. Ce n’est plus l’anonymat d’un atelier, mais une sorte de convergence.
Et c’est cela que j’aime profondément.
Peindre en public, c’est rendre visible le geste. C’est accepter d’être observée dans ce moment où rien n’est encore figé, où tout peut changer. C’est aussi offrir une part de vérité : celle du travail et de notre rythme. Parfois d’une hésitation plus ou moins furtive.
Ci-dessus, L’Epousé peint les bords
Le regard du public ne me bloque pas — au contraire, il m’accompagne. Il m’aide à rester présente, à sentir que la peinture n’est pas un acte isolé mais un langage partagé.
Je peins pour moi, bien sûr, mais aussi pour ce moment où la couleur, la lumière et les gens autour se répondent.
Et quand la toile se termine, il se passe quelque chose de singulier : elle ne m’appartient plus tout à fait. Ceux qui l’ont vue naître ont laissé, d’une manière ou d’une autre, leur empreinte dans le silence du geste.
Peindre en public, c’est donc peindre avec le monde — avec ses bruits, ses regards, son rythme. C’est un dialogue ouvert, vivant, imprévisible.
Et chaque fois, c’est différent. Chaque lieu, chaque public, chaque moment crée une nouvelle manière de peindre, une nouvelle manière d’être là.
A Toulouse j’ai peint une Vierge Noire en hommage à notre dame de la Daurade, la vierge noire de la ville. J’aime ces vierges sombres, elles sont captivantes et on leur prête des vertus magiques: protection, fertilité, chance…. Elles sont quasi paiennes. Elles sont les héritiéres des méres telluriques du polythéismes.
La Vierge Noire est disponible auprés de la Galerie Lemétais. Si elle vous interesse n’hésitez pas à les contacter. Elle concentre en elle mon énergie mais aussi les fragments de celles et ceux qui l’ont vue naître.
A bientôt et bon dimanche ou bon début de semaine !
Mina
